Adrien arrive à moto dans le parking souterrain des Studios. Il met l’antivol et pousse successivement deux battants pare feu. Des gens montent dans l’ascenseur et bloquent les portes pour l’attendre. Il décline leur invitation et gravit les étages par l’escalier de secours. Il gagne sa loge, jette sur le canapé son casque et son blouson. Il aperçoit sur la table basse des journaux et magazines avec des post it. Il s’installe et ouvre un journal à la page indiquée. Il tombe sur un article qui parle de son émission. « Adrien Bicalène rejoint l’équipe de Maxime de Ponchartrain. Marc Labas qui a le don de transformer en or tout ce qu’il touche, s’est associé à ce nouveau programme. » Adrien sourit en apercevant la photo où on le voit sur le plateau, entouré du producteur et de Marc Labas. Il jette le journal et s’empare d’un magazine de télévision. Il est surpris de se voir en première page. « Binss perd son atout majeur » Il rit. Il imagine la moue de son ancien patron lisant l’article. Terry Fonssar passe la tête dans l’embrasure de la porte.
- Alors ? Sympa, non ? Tu peux y aller, j’ai déjà tout parcouru ! La première diffusion a marché du feu de Dieu ! Tu veux un café ?
- Merci Terry.
Adrien découvre le reportage qui lui est consacré dans la revue. «Adrien Bicalène, talentueux animateur sur Radio Binss, ne nous déçoit pas dans cette nouvelle émission. Bien entouré par de Ponchartrain et Labas, Bicalène impose son style et nous transporte » Dans un journal, on le voit en photo pendant son émission sur Radio Binss et au bureau de production avec Maxime de Ponchartrain. « Nul doute que l’association d’un talent prometteur avec deux talents confirmés tels que de Pontchartrain et Labas fera de cette nouvelle émission un rendez-vous à part entière dans le monde télévisuel. » Adrien parcourt rapidement les autres magazines. Terry revient et lui tend son café.
- Ça va ? Tu n’as pas pris la grosse tête depuis tout à l’heure ?
Adrien rit de bon cœur.
- Je suis impressionné par le nombre d’articles. Je n’en avais pas eu autant quand j’ai démarré sur Binss.
- Oui mais là, tu bosses avec des gens qui ont une bonne réputation dans le métier et qui sont célèbres héhé. Ça aide !
- Je vois ça. Santé Terry !
Ils trinquent avec leurs gobelets.
- Je t’autorise à te faire une tache de café tant que tu n’as pas ton costume, alors profite !
Les deux sourient, détendus. Le portable d’Adrien se met à sonner. Terry s’éclipse.
- Bonjour maman, tu es bien matinale.
- Nous avons acheté tous les journaux et toutes les revues qui parlent de toi. Ton père a envie de faire un blog.
- Un blog ? Mais il n’y connait rien !
- Ça va l’occuper
- Alors qu’il fasse appel à Mathieu de chez Watapix, je vais t’envoyer ses coordonnées. Il faut que je te laisse j’ai un double appel.
Sur l’écran s’affiche le sourire d’une jolie brune avec pour prénom Mady.
- Oui Mady je sais…
- Je t’ai attendu hier soir.
- Excuse-moi.
- C’est tout ?
- Mady s’il te plait…
- Tu aurais pu appeler, non ?
- Tu sais que c’est un peu spécial en ce moment.
- Très spécial puisque ça t’empêche de m’appeler !
- Mes cauchemars ont repris.
- Quel est le rapport ? Tu crois que ça t’excuse ?
- Non, je sais…
- Si tu m’avais appelé on en aurait parlé. On aurait partagé ça ensemble, c’est dommage.
Adrien soupire, s’il pouvait il raccrocherait tant il n’a pas envie de se justifier.
- C’est qui la blondasse sur la photo ?
- Quelle photo ?
- Mag TVB… page trente-deux.
Adrien jette un œil sur les magazines, le trouve et l’ouvre à la page indiquée. Il apparaît en photo. Effectivement, près de lui en arrière-plan, apparaît Daisy, l’assistante de production. Elle est un peu floue mais charmante, elle le regarde avec dévotion. Adrien ne peut s’empêcher de rire.
- Allons Mady, tu ne vas pas commencer !
- Je la sens bien entreprenante celle-là !
- Tu es insupportable.
- J’aurais aimé que tu m’appelles.
- C’est vrai j’aurais dû. En ce moment ce n’est pas facile pour moi non plus.
- Je sais… Rien n’est arrivé ?
- Mis à part mes cauchemars.
- Tu sais ce que je pense de tout ça !
- Oui je sais. Et je n’ai pas envie de l’entendre.
©lenferdudecor