Gandeze jette un œil circulaire et s’arrête sur Léo, allongé sur une civière, inconscient.
- Comment ça se fait qu’il ne se réveille pas ?
Deux hommes entrent précipitamment dans l’entrepôt.
- Une voiture vient d’arriver !
- Planquez-le et dispersez-vous ! Il est possible que ce soit Baredely. Vous savez ce que vous avez à faire ! Grouillez-vous !
Gandeze sort, escorté des deux hommes qui sont venus le prévenir.
Un homme de forte corpulence sort péniblement de la BMW. Il tend une main grasse à Gandeze qui la serre avec dégout.
- Tu te déplaces en personne… Quel honneur !
Baredely laisse échapper un sourire qui lui remonte les joues et lui donne un air bonhomme, mais très vite le sourire s’efface et sa physionomie devient désagréable.
- Des nouvelles de tes hommes ?
- Léo n’est pas rentré.
- C’est ce que j’ai entendu dire. Il s’est fait buter ?
- C’est pas son genre de ne pas donner de nouvelles.
- Il n’aurait pas décidé de disparaître des fois ?
- Tu oublies à qui tu as affaire.
- C’est vrai que c’est toi qui l’as formé.
Baredely est soucieux, il resserre les pans de sa veste en tirant sur son cigare.
- Mais y’a un truc qui cloche Gandeze. J’ai du mal à te croire.
- Qu’est-ce que tu t’imagines ?
Baredely laisse échapper un nuage de fumée nauséabond.
- Je m’imagine que tu n’es pas correct avec nous.
Gandeze, vif comme un prédateur, broie le poignet de Baredely qui en lâche son cigare. Leur regard se croise, dur et affuté.
- Je m’occupe de Léo, t’as compris ? On le retrouvera. Mort ou vif.
Baredely se dégage de l’étreinte.
- Qu’il n’y ait pas de malentendus entre nous… Je le veux vif, t’as compris ? Je t’interdis de le buter ! J’ai des projets pour lui qui sont plus importants que ta rancœur. Et Sam ?
- Ces deux-là sont inséparables…
- C’est très ennuyeux tout ça. Tu as reçu les ordres ?
- On déménage. Mes hommes sont déjà en train de plier.
- Parfait.
Baredely lui tend à nouveau sa main molle.
- Je te souhaite de les retrouver avant de quitter le pays.
Il monte dans la voiture lourdement, Gandeze referme la portière. Baredely ouvre la vitre.
- La clé a perdu la moitié de sa valeur, c’est regrettable !
- Je t’ai déjà dit qu’on les cherche activement. Personne ne peut passer entre les mailles de nos filets.
- C’est pourtant ce que font tes protégés !
Il referme sa vitre, le chauffeur démarre. La voiture noire disparait à travers les entrepôts. Gandeze broie sous son talon le cigare de Baredely.
©lenferdudecor