Labas fait les cent pas devant la machine à café.
- Je viens d’avoir un message d’Abigail, elle est en route. Mais Toto, tu peux me dire pourquoi Toto n’est toujours pas là ? Il ne va pas commencer à jouer sa vedette ?
Terry glisse son portable dans la poche.
- Je lui ai rempli sa messagerie ! J’espère qu’il n’a pas eu un pépin sur la route…
- On prend un sérieux retard. Tu vas proposer à l’invité de visionner les trois sujets et lui expliquer que pour gagner du temps, nous ne les diffuserons pas au moment de l’enregistrement.
- Okay j’y vais.
- La production est prévenue ?
- Daisy les a appelés.
- On ne peut rien faire de plus sans lui.
Terry part en courant. Marc Labas froisse son gobelet et le jette dans la poubelle. Son téléphone sonne. Il décroche.
- Bicalène vient d’arriver dans sa loge !
- J’arrive.
Autant dire qu’Adrien a mauvaise mine. Il s’est tout de suite assis. Il regarde Marie dans les yeux.
- Tu vas pouvoir arranger ça avant que les autres ne déboulent ?
La maquilleuse, sans poser de questions, s’affaire à effacer les marques qu’il a sur le visage avec un stick qui laisse des traces vertes. Terry passe la tête. Il ne voit pas dans quel état est Adrien, celui-ci a pris soin de se tourner légèrement sur le côté. Marie qui a compris, est venue se poster entre lui et Terry.
- Tu nous as fait peur ! Qu’est-ce que tu foutais ?
- Désolé vieux…
- Tu diras ça à Labas, il est comme un lion en cage ! La prod est en effervescence. Il faut prévenir quand tu as un problème…
- Mon portable est déchargé et je galère depuis ce matin…
- L’invité est en train de visionner les sujets pendant que tu te prépares.
- On ne les diffusera pas. J’ai compris. J’arrive.
Terry repart en courant. Adrien regarde la maquilleuse, soucieux. Elle estompe du bout des doigts la couleur verte sur toutes les marques, ce qui les atténue.
- Est-ce que tu crois que ça va passer à l’as ?
- Avec le fond de teint par-dessus et la poudre, ça devrait aller. Vois avec Labas pour éviter aujourd’hui des plans trop rapprochés, tu sais qu’il en est friand.
Marie est concentrée. Adrien rit.
- Tu es une artiste !
- Merci ! J’ose te demander ce qui t’es arrivé ?
- J’ai fait une mauvaise chute à moto…
- Ben dis donc ! Tu ne portais pas ton casque ?
- Je changeais juste de rue pour trouver une place, alors je ne pensais pas…
- C’est malin ! Elle le regarde avec bienveillance. Méfie-toi Adrien. Tu te dois vis-à-vis de la prod de ne pas commettre d’imprudences. Ne dis pas que tu n’avais pas ton casque. Mieux vaudrait que tu leur dises qu’un type t’a cogné dessus plutôt qu’ils pensent que tu es imprudent.
Il la regarde avec stupeur et lui sourit.
- C’est faisable.
Abigail court dans le couloir, elle s’arrête en passant, elle serre ses sacs contre sa poitrine, essoufflée.
- Je suis en retard ce matin ! Je suis soulagée de te voir !
Ils échangent un regard à travers le grand miroir. Elle s’avance et s’appuie contre la table de maquillage pendant que la maquilleuse va nettoyer un pinceau. Il se décide à lever les yeux vers elle. Elle lui parle doucement, ne voulant être entendue de personne.
- Toujours pas de côtes cassées ?
Il ne peut s’empêcher de rire.
- Je dirais… sûrement des fêlées, comme les types d’hier ! Est-ce que Mady…
- …m’a jetée dehors et menacée ? Oui oui elle a fait tout ça, mais elle ne m’a pas giflée ! Maintenant il faut que j’affronte Labas ! Bon j’y vais, je ne suis pas encore passée en régie !
Elle sort. Adrien soupire, sa respiration est sifflante, il est fébrile.
- Marie, passe-moi la ventoline, elle est dans ma veste.
La jeune femme la lui tend. Adrien inspire profondément en fermant les yeux. Il repose l’aérosol. Elle étale délicatement un fond de teint de la même couleur que sa carnation.
- Tu fais des miracles, Marie ! Je me sens mieux, je suis presque comme neuf !
- C’est gentil, mais malheureusement, là où c’est enflé, je ne peux rien.
- On n’y verra que du feu. Je peux m’habiller ?
- C’est parti ! Je te poudrerai sur le plateau. Je prends ta ventoline ?
Il lui lance un regard reconnaissant. Elle ramasse une trousse à maquillage et sort de la loge. Il se lève péniblement. Arrive Marc Labas comme une tornade. Il saisit affectueusement Adrien par les épaules et le secoue gentiment.
- Tu m’as fait peur, Toto, j’ai cru qu’on t’avait perdu !
Adrien laisse échapper une plainte devant la rudesse du réalisateur.
- Ça va pas mon gars ?
- C’est rien. J’ai eu un petit accident de moto hier soir. J’ai mal partout.
- Oh merde ! Il recule d’un pas pour le jauger. Heureusement que tu n’as rien de cassé !
- J’ai juste l’impression qu’on m’a roulé dessus avec un semi-remorque.
- Mais tu as le visage marqué !
Labas l’inspecte avec attention ce qui agace Adrien qui s’écarte.
- Un peu. Marie a fait ce qu’elle a pu.
- Tu ne portais pas ton casque ?
- Si…enfin non. C’est un peu compliqué. J’ai pas envie d’en parler.
Labas est perplexe. Adrien tente un sourire qui ressemble plus à une grimace qu’à autre chose.
- Ce qui compte, c’est que tu sois là aujourd’hui, en une seule pièce. J’éviterai des plans trop serrés. Heureusement que nous ne tournons que deux émissions ! Allez t’inquiète pas Toto, on va faire avec.
Adrien hésite puis se lance.
- Arrêtez de m’appeler Toto. Vous me discréditez devant toute l’équipe.
- Mais pas du tout voyons ! C’est affectueux. Tu pourrais être mon fils !
- Vous ne l’appelez pas Toto votre fils !
- Ah ça non ! Labas le regarde de travers. Lui, c’est « Zinzin », et ça lui va bien crois-moi ! Comme toi, Toto ça te va bien !
Il lui donne une grande tape dans le dos en riant. Adrien pousse un cri de douleur.
- Oh pardon !…
Adrien serre les poings et soupire d’énervement. Labas le tapote comme pour le dépoussiérer.
- Bon allez, change-toi vite on t’attend… Monsieur Toto !
©lenferdudecor
C’est vraiment top, merci merci pour ces episodes!
Merci de suivre l’histoire, d’aimer et de le dire ! Merci beaucoup !
Toujours aussi bien – merci je passe un très bon moment avec vous – allez j’attends la suite – bises amicales.
Merci beaucoup, c’est très sympa Sylviane. Je vous embrasse aussi